Thématiques

La notion de patrimonialisation est de plus en plus utilisée ces dernières années, elle tente de rendre compte des mécanismes, non seulement de production des espaces de patrimoines, mais également des pratiques qui accompagnent toute démarche d'intervention, notamment sur le cadre architectural, en vue de sa réhabilitation. Ainsi, en tant qu'étude théorique, la patrimonialisation renvoie aux représentations et aux conditions sociales culturelles et historiques « qui ont contribué à la définition de sa racine : le patrimoine.» Il convient ici de souligner la différence essentielle entre patrimonial et patrimonialisation. La première notion, propose une lecture durable du patrimoine qui insiste sur le "temps long". La seconde insiste sur « le caractère profondément contingent de la forme patrimoniale et particulièrement sur son lien avec la culture politique contemporaine. »[1] 

La question de patrimonialisation est intéressante dans cette perspective, car elle interroge l'espace comme hérité et héritable[2]. Dans l'idéal, la question de patrimonialisation se voudrait un espace collectif de diffusion de la culture[3] et de la création artistique, telles que la musique, l'art plastique, le design, les performances, les installations électro acoustiques... Cette question aboutit à la mise en espace de lieux particuliers, qu'on appellera les espaces patrimoniaux, qui révèlent la valorisation matérielle et immatérielle du patrimoine.

Cet article est consacré au processus de patrimonialisation en Tunisie et aux stratégies culturelles appliquées dans l'espace patrimonial, partant du patrimoine conservé, pour parvenir à envisager les stratégies de valorisation, et surtout le rapport que notre société entretienne avec le patrimoine conservé.

La sauvegarde de ce patrimoine est essentielle pour « assurer aux générations actuelles et futures la possibilité de se situer par rapport à leurs origines.»[4] En effet, il est évident que la conservation, et la valorisation des espaces patrimoniaux en Tunisie fourniront un outil précieux en vue de l'apprentissage de la jeunesse tunisienne: en outre, elles constituent un atout non négligeable sur le plan économique dans le cadre de la mise en valeur du pays. Dans son livre ‘'Poétique de la Ville'', Pierre Sansot a décrit sa ville comme « le reflet d'une tension, dirions-nous un va-et-vient constant entre des efforts de sacralisation /désacralisation, d'objectivation /subjectivation, de naturalisation /urbanisation. »[5] Ainsi, voici les premières caractéristiques du processus qui conduit aux utilisations des espaces patrimoniaux – ce processus entamera avant tout la prise de conscience de ce que signifie la notion du « Patrimoine ».